50

Nikolaï Popov passa l’amulette à son cou et se campa devant Zoé, la toisant de haut. Il tendit la main pour la toucher, mais elle eut un mouvement de recul. Alors il laissa retomber le bras.

« Pourquoi ces yeux tristes, ma chère ? demanda-t-il. Vous repartirez d’ici et je vous laisse la vie. Ainsi qu’à votre amant envers qui vous avez fait preuve d’une dévotion si touchante. » Il s’interrompit comme s’il espérait un merci, vit qu’elle restait coite, et son expression se durcit. « Je sais que vous avez aussi le film de Kennedy, et ça, vous pouvez le garder. Je me moque de ce que vous en ferez. Je n’en ai jamais voulu, en dépit de ce que Miles Taylor pouvait bien penser. Vous pouvez le faire projeter dans tous les multiplex de votre grand et obscène pays si ça vous chante. Des trois d’entre nous impliqués dans l’assassinat – quatre si on compte cet imbécile d’Oswald –, je suis le seul à faire encore partie des vivants…

— Miles Taylor est mort ? »

Popov éclata de rire devant la surprise de Ry. « C’est comme si. Vous devriez vraiment regarder davantage CNN, les enfants. Votre faiseur de rois a fait une attaque samedi dernier, et il est maintenant dans un “état végétatif permanent”. Il ne peut ni bouger ni parler, et une machine respire pour lui. Quant à savoir s’il subsiste un minimum de conscience dans ce qui lui reste de cerveau… » Popov haussa ses épaules élégantes. « Qui peut le dire ? » Il se détourna brusquement. « Vadim ? »

Vadim, qui tendait la main vers le briquet qu’il avait laissé sur la table, se redressa. Il enleva la cigarette de sa bouche et dit :

« Oui, pakhan ?

— Tu peux les détacher maintenant, et appelle la ferme. Qu’une voiture vienne ici et les remmène en ville… Quoi ? fit-il en surprenant le regard surpris de Zoé. Vous pensiez encore que j’allais vous faire descendre, comme on dit dans vos stupides films américains sur la mafiya ? Ma propre arrière-petite-fille ? »

Et Ry devina à l’éclair de pure perversité qui brillait dans les yeux de Nikolaï Popov qu’il avait bel et bien l’intention de les supprimer. En réalité, ses deux hommes de main en avaient probablement reçu l’ordre avant même le début de cette dernière comédie.

 

Popov inclina la tête en un au revoir narquois et se dirigea vers le fond du bâtiment en ruines et l’obscurité profonde, derrière la caravane. Ry vit que la meth commençait à bouillonner furieusement. Des émanations manifestes s’échappaient des orifices des bocaux ouverts, remplis de comprimés trempant dans l’acide.

Il suffirait d’une étincelle pour que tout ce fourbi soit réduit en confettis.

Restait à trouver l’étincelle, et pour Ry ce n’était pas un problème. Mais il avait aussi besoin que Popov reste là, dans l’abattoir, avec eux, jusqu’à ce que Vadim ait déverrouillé leurs menottes et qu’il soit libre de ses mouvements.

« Je voudrais savoir pourquoi vous avez attendu », lança Ry dans le dos du pakhan qui s’éloignait.

Popov s’arrêta et se retourna.

« Pourquoi j’ai attendu quoi ?

— Vous avez dit à mon père que le président devait mourir à cause de l’autel d’ossements : il en avait bu, ce qui faisait de lui un danger pour le monde. Et pourtant vous avez attendu quinze mois après que Marilyn eut donné l’amulette à Bobby avant d’en arriver à cette conclusion. Pourquoi ? Que s’est-il passé pour que vous décidiez finalement qu’il devait mourir ? »

Popov regarda le plafond, comme si la vérité y était inscrite.

« Pourquoi, pourquoi, pourquoi… Une question si simple… Je vous répondrai donc simplement. Je l’ai fait pour mon pays. Ou plutôt pour ce que mon pays était alors. L’Union des républiques socialistes soviétiques. » Ce qui surprit Ry, alors même qu’il savait qu’il n’aurait pas dû l’être, et Popov éclata de rire. « Quoi, agent O’Malley ? Vous vous croyez seuls, en Amérique, à être capables de patriotisme ? »

Ry entendit un juron étouffé, et il jeta un coup d’œil à Vadim. Le vor tapotait les poches de son jogging, la cigarette pas encore allumée pendant à sa lèvre. Je vous en prie, mon Dieu, pensa Ry. Ne me dites pas qu’il a perdu les clés de mes menottes.

« Donc, ce que vous dites, c’est que vous avez tué Kennedy à cause de la crise des missiles de Cuba ? reprit-il à haute voix. Il a forcé Khrouchtchev à battre en retraite, il a humilié votre pays, et vous avez décidé de le lui faire payer ?

— Le lui faire payer ? Sainte Mère de Dieu ! Mon garçon, on ne jouait pas à je ne sais quel jeu de cour de récréation. Vous n’étiez même pas né, à l’époque ; vous ne pouvez pas savoir à quoi ça ressemblait. On appelait ça la guerre froide, mais c’était loin d’être froid. C’était une guerre ardente, et nous étions en train de la gagner. Nous allions la gagner. L’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Asie du Sud-Est… nous avions des révolutions populaires en route partout, comme des petits feux de brousse. Trop pour que l’Occident puisse espérer les éteindre. » Le visage de Popov s’était soudain illuminé, comme éclairé par un feu intérieur qui faisait briller ses yeux, et Ry eut l’impression d’entrevoir l’homme qu’il avait été quand il était procureur général du KGB à Moscou. « Mais il y avait toujours le risque que l’un de nos feux de brousse entraîne une conflagration qui dégénérerait en une guerre nucléaire. C’était ce que nous redoutions tous au fond, qu’un jour un président américain ou un premier ministre soviétique décide qu’une ligne avait été franchie, qu’il lui fallait, s’il était un homme, adopter une posture. À moins qu’il ne perde simplement la tête un beau jour, et qu’il appuie sur le bouton rouge, faisant disparaître notre monde dans un éclair radioactif. »

Vadim n’avait pas encore trouvé cette satanée clé, mais Ry vit que Grisha avait au moins ouvert les menottes de Zoé. Elle se leva en frottant les marques rouges qu’elle avait autour des poignets.

« La nuit où nous avons tué Marilyn Monroe, poursuivait Popov, elle nous avait dit, à votre père et à moi, qu’elle avait donné l’amulette à Robert Kennedy pour qu’il la remette à son frère. Mais il n’y avait aucun moyen de savoir si le président avait reçu le petit cadeau de cette stupide salope, et encore moins s’il en avait bu ou non. Alors j’ai attendu et j’ai observé. Comme il avait la maladie d’Addison, je me disais que je verrais bien si son état s’améliorait. Et je guettais aussi chez lui des signes de… du côté sombre de l’autel.

— Parce que vous aviez déjà détecté ces signes chez vous ? »

Cette fois, le rire de Popov sonna un peu trop sauvagement.

« Comment aurais-je pu les repérer chez moi ? J’avais été l’un des espions préférés de Joseph Staline. Toutes les bornes de la morale et de la santé mentale imaginables en ce bas monde, je les avais franchies bien avant de boire l’élixir de l’autel d’ossements.

— La voilà, la saleté », marmonna Vadim.

Et le cœur de Ry qui cognait contre ses côtes ralentit un peu ses battements. Bientôt, très bientôt, maintenant.

« Alors j’ai attendu de voir, répéta Popov. J’ai guetté les signes que votre président Kennedy avait bu le jus d’os, comme vous dites. Je n’ai pas eu longtemps à attendre. Que croyez-vous qu’il est arrivé ? Il a commencé par s’acoquiner avec Sam Giancana, de votre mafia italienne, pour assassiner Fidel Castro. Ils ont empoisonné les cigares de Fidel : vous imaginez un truc aussi aberrant ? “Il faut vraiment être fou pour faire une chose pareille”, me suis-je dit à l’époque, mais je n’ai rien fait. Parce que la seule solution sûre et durable qui me venait à l’idée consistait à tuer l’homme, et vous ne me croirez peut-être pas maintenant, mais l’idée de m’engager sur ce chemin me déplaisait vraiment. C’est alors qu’a éclaté la crise des missiles de Cuba, entièrement par sa faute. Là, il avait réellement franchi les bornes, et pourtant je ne suis pas encore intervenu. »

Les menottes étaient enfin ouvertes. En se levant, Ry passa la main sur la table, subtilisa prestement le briquet de Vadim et le glissa dans sa poche.

Popov était lancé, maintenant, comme si c’était un soulagement pour lui que de pouvoir enfin expliquer pourquoi il avait commis l’un des crimes majeurs du XXe siècle.

« Il nous a poussés au bord du précipice nucléaire, et je n’ai toujours rien fait. Et puis un jour, Miles Taylor, ma taupe au sein de l’appareil étatique m’a communiqué un document top secret. C’était un plan détaillé d’invasion du Nord-Vietnam dont la date était fixée au printemps suivant. Une armée au grand complet, soixante mille hommes, avec soutien aérien et maritime, devait débarquer sur les côtes au sud du port de Haiphong et marcher sur Hanoi pendant que l’aviation américaine larguerait des bombes atomiques sur les voies ferrées et les cols entre le Nord-Vietnam et la Chine.

« J’avais ce document entre les mains et j’ai lu comment votre président, qui avait nommé des “conseillers” militaires au Sud-Vietnam, était prêt à passer de cette occupation militaire déguisée à une guerre en bonne et due forme contre le Nord-Vietnam et la Chine, puis contre les Soviétiques : c’était l’escalade, de la folie à l’état pur. Là, j’ai su que le côté sombre de l’autel avait vraiment établi son emprise sur lui. Que pour le bien de mon pays, pour l’amour du monde, il devait disparaître. »

L’invasion du Nord-Vietnam ? Des bombes atomiques sur les cols ? Ry trouvait ça complètement surréaliste. Vraiment ahurissant, et plutôt risible d’ailleurs. En même temps, quand on y réfléchissait, après la mort de Kennedy, ç’avait vraiment été l’escalade, à l’instigation de ces “conseillers”, et il y avait bel et bien eu une sorte d’invasion, mais dans le sud du pays, pas dans le nord.

Pendant que Popov parlait, l’attention de Zoé était concentrée sur Ry, elle lui laissait prendre l’initiative. Il lui tendit alors la main, et elle s’approcha de lui. Il passa son bras autour de sa taille et l’attira vers lui. Popov et ses deux sbires ne semblèrent pas y voir d’objection.

« Alors vous avez décidé tout seul, relança Ry, que le président Kennedy devait disparaître. Et vous avez réquisitionné mon père et Miles Taylor pour vous aider à faire le coup. Le plan était d’une simplicité éblouissante, et il a marché grâce à sa simplicité même. »

Popov parut se rengorger sous le compliment.

« Quand on implique trop de gens dans une conspiration, il y a toujours quelqu’un qui finit par bavasser, pour sauver sa peau ou parce qu’il ne peut tout bêtement pas s’en empêcher. Cela dit, je n’aurais jamais pensé que votre père demanderait à cette femme de faire ce sacré film. Là, il m’a eu. Miles Taylor, je savais pouvoir l’utiliser pendant des années encore, mais votre père ? Dès l’instant où il avait pressé la détente, il devait être supprimé, et il le savait.

— Comme Lee Harvey Oswald.

— Ah oui. Pauvre Lee Harvey. Je l’oublie toujours, celui-là, je me demande bien pourquoi. Enfin, il n’a jamais vraiment fait partie du complot, sinon comme dindon de la farce. Vous connaissez le genre. En Russie, on appelle ça l’homme à l’éléphant de la parade, celui qui suit l’animal avec une pelle, un seau et qui ramasse la merde. Je lui ai servi un beau boniment selon lequel Castro voulait se venger des cigares empoisonnés, et je l’ai envoyé écrire l’histoire. » Popov se mit à rire, et Ry pensa qu’il avait l’air positivement enchanté de lui-même, tout d’un coup : la vedette de son propre film. « Et quant à écrire l’histoire, on a été servi, poursuivit-il. Vous auriez imaginé, vous, qu’une unique balle de vieux fusil déglingué des surplus italiens aurait pu changer de direction plusieurs fois afin de tuer le président et de blesser le gouverneur du Texas ? Dommage que notre pauvre Oswald n’ait pas vécu assez vieux pour s’enorgueillir de ses talents de tireur d’élite.

— Et Jack Ruby, le type qui a, à son tour, abattu Oswald dans les sous-sols du quartier général de la police de Dallas, je suppose que c’est vous aussi qu’il faut remercier pour ça ? Vous supprimez les bouts de fil qui dépassent, c’est ça ?

— Évidemment. Tout comme votre père, Lee Harvey Oswald était un exécutant à supprimer. »

Pendant que Popov parlait, Ry avait discrètement éloigné Zoé de la table et ils s’approchaient de la porte de l’abattoir. Il voyait que le jour était levé dehors, et il ne neigeait plus. De pâles rayons de soleil filtraient par des interstices dans les murs décrépits.

Ry mit discrètement la main dans la poche de sa parka, trouva le briquet, l’ouvrit. Il poussa le levier du gaz et appuya avec le gras de son pouce sur la roue dentée.

« Je me souviens avoir lu la “théorie de la balle magique” de la commission Warren, dit-il. Ça a dû vous faire bien rigoler. »

Popov en rigolait encore maintenant.

« Une balle magique, en effet. Mais il y avait plus magique encore : le document top secret que Miles Taylor m’avait donné. Ce n’est que plus tard, bien après l’Assassinat avec un grand A, que j’ai découvert que le document était un faux. Un faux concocté avec brio, mais un tissu de mensonges quand même. Miles et certains membres de l’administration Kennedy poussaient à l’intensification des combats au Vietnam à cause des millions qu’ils tiraient des contrats du département de la Défense, mais Kennedy hésitait. Alors que le vice-président Johnson semblait tout à fait réceptif à cette idée. Miles avait dû décider que la façon la plus simple d’obtenir ces contrats de défense était de faire en sorte que le vice-président devienne président. » Popov rit à nouveau et secoua la tête. « Ce salaud tordu de Miles ! Il m’a manœuvré pour que je fasse le sale boulot à sa place. C’est moi qui avais fait Miles Taylor, je l’avais façonné, modelé, je pensais que c’était ma créature, que je le possédais. Quelle arrogance de ma part ! Et dans mon arrogance j’avais gobé l’hameçon, la ligne et le flotteur, autrement dit son faux document.

— Vous vous croyiez tellement malin, fit Zoé, surprenant tout le monde car elle avait gardé le silence jusqu’alors. Et pourtant, vous vous êtes trompé de bout en bout. Le document était un faux, mais l’amulette aussi, parce que la vraie, celle qui contenait l’élixir de l’autel d’ossements, Katya l’avait récupérée. C’est celle que vous portez maintenant autour du cou. L’amulette que Marilyn Monroe a donnée à Bobby ce jour-là ne contenait que de l’eau de toilette, alors même si son frère en avait bu, ce n’est pas ça qui aurait pu lui faire perdre la tête et appuyer sur le bouton rouge. »

Popov haussa les sourcils en regardant Ry.

« C’est vrai ?

— Oui, Popov, c’est vrai, confirma Ry. Conclusion, vous vous êtes fait manipuler tout du long, de toutes les façons possibles. »

Le Russe réfléchit un instant, puis il redressa la tête, affichant un amusement sincère.

« Tel est pris qui croyait prendre. Je me suis bien fait avoir, on dirait… Mais il faut vraiment que j’y aille, maintenant. Je vous souhaite bon vent, comme on dit chez vous. »

Ry attendit que Popov ait tourné les talons et se soit éloigné, hors de portée de voix, puis il attira Zoé tout contre lui, pencha la tête vers elle et lui parla doucement comme pour la réconforter.

« Tu te souviens de Paris et de la bombe au Destop ? » Zoé hocha la tête. Il la serra un peu plus fort contre lui. « Tout droit vers la porte, ma grande, et ne te retourne pas. »

Zoé hocha à nouveau la tête.

Ry vit que Vadim avait dû réaliser que la cigarette collée à sa lèvre inférieure n’était pas allumée, car il tapotait les poches de son jogging à la recherche de son briquet. Popov était presque à la porte de la caravane, maintenant, à peu près au niveau des tables de pique-nique et de leur décoction mortelle.

Tout à coup il s’arrêta et se retourna.

« Vous devez trouver monstrueux, dit-il, ce que j’ai fait pour retrouver l’autel d’ossements afin de sauver la vie de mon petit-fils. Mais Katya aurait compris, elle. Savez-vous, Zoé, ma chère, que quand votre mère, Anna Larina, avait quatre ans, elle a eu une leucémie ? On ne lui donnait que quelques semaines à vivre, et pourtant, un an plus tard, elle était encore en vie et en aussi bonne santé que n’importe quel enfant de son âge. On a eu beau lui faire subir tous les examens possibles et imaginables, on n’a jamais pu retrouver chez elle la moindre trace de cancer. Les médecins n’avaient aucune explication pour ça. Ils ont parlé de guérison miraculeuse. »

Zoé secoua la tête.

« Non, je ne… Que voulez-vous dire ? »

Nikolaï Popov lui lança un sourire méprisant.

« Eh bien, je me disais juste que le devoir sacré de la Gardienne était toujours passé de mère en fille. Et pourtant, Katya a sauté Anna Larina pour vous le transmettre à vous. Demandez-vous pourquoi, Zoé. Demandez-vous pourquoi votre mère n’est pas morte à quatre ans, comme elle aurait dû. »

 

Cette fois, quand Popov s’éloigna, il ne s’arrêta plus.

Ry le regarda faire un pas, puis un autre, des pas décidés, mission accomplie, et Ry attendit, attendit que l’homme passe à nouveau devant la caravane, longe les tables de pique-nique et les bocaux pleins de meth en cours d’élaboration.

Il attendit encore une seconde, puis deux, et cria :

« Maintenant ! »

Zoé fonça vers la porte juste au moment où Ry sortait le briquet de sa poche et actionnait la molette.

Sans résultat. Il l’actionna une seconde, puis une troisième fois. N’obtint rien, que de maigres étincelles. Il vit Vadim et Grisha dégainer précipitamment leurs armes, vit Popov faire demi-tour et tirer un pistolet de la poche de son manteau fauve. Ry pria comme il n’avait jamais prié de sa vie et actionna à nouveau la molette. Et encore une fois.

Tout à coup, la partie crantée de la molette arracha une étincelle à la pierre, et une flamme bleu-jaune éclatante jaillit. Ry lança le briquet allumé sur les tables de pique-nique et courut vers la porte. Il entendit deux coups de feu tirés rapidement l’un après l’autre, mais aucun ne l’atteignit. Et puis il entendit un bruit de souffle, très puissant, et une vague d’air chaud lui lécha la nuque. Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule tout en courant : les tables de pique-nique avaient disparu dans une boule embrasée.

Une langue de feu jaillit et s’enroula comme un poing flamboyant autour de Popov. Il poussa des cris et des hurlements alors que les flammes l’environnaient, se lançaient à l’assaut de son manteau fauve, s’élevaient à la hauteur de son visage en tourbillonnant.

En franchissant la porte, Ry eut une dernière vision de l’incendie qui se propageait de Popov à la caravane, puis aux piles de bouteilles de propane et aux sacs de nitrate d’ammonium. Il se mit à courir comme s’il avait le diable aux trousses, ce qui était le cas, puisque d’une seconde à l’autre, l’installation entière allait sauter, expédiant tout le monde en enfer.

Une fois dehors, dans la cour, il chercha frénétiquement Zoé du regard, et ne la vit pas. Et puis, oh mon Dieu, mon Dieu ! Elle était là, une dizaine de mètres devant lui, elle courait vite, à longues enjambées rapides, âpres. Il pressa l’allure pour la rejoindre. Elle ne savait pas, ne pouvait pas savoir…

Il lui fit un plaquage, la projetant brutalement sur le sol couvert de neige, la recouvrant de son mieux avec son corps, les bras au-dessus de leurs têtes, quand le monde explosa derrière eux. L’air disparut, aspiré hors de leurs poumons, et le temps sembla s’arrêter. Et puis une pluie de briques, d’éclats de métal, de verre, s’abattit sur eux, tandis que des flammes rugissantes montaient vers le ciel.

Le Secret des Glaces
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